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Burnhaupt-le-Haut en nov. 1915 |
Le 25 mars 1945, le chef suprême de la 1ère armée française, le général de Lattre de Tassigny, alors en cantonnement à Lindau en Allemagne, tenait absolument à revenir à Masevaux pour raviver un souvenir vieux de trente ans. |
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En effet, en novembre 1915, dans le secteur du front de Burnhaupt-le-Haut, comme à de nombreux endroits des théâtres d'opération, la guerre s'était figée en guerre de tranchées. Le froid était vif et la neige tombait en abondance. Le village de Burnhaupt-le-Haut, occupé en permanence par les grenadiers allemands, n'était plus qu'un amas de ruines sous son manteau hivernal. Vers l'ouest, dans la forêt communale et à la gare, les guetteurs français à l'affût pataugeaient dans la boue des tranchées inondées. A proximité de l'actuelle RN 83, aux abords immédiats de la crête marquant la dénivellation du Pont d'Aspach, les militaires français avaient aménagé un fortin avancé, couvert de troncs d'arbres et de terre, flanqué de tranchées et de boyaux, le tout ceinturé d'un inextricable réseau de barbelés. Sans doute à cause de leur parallélisme avec la route proche, les "poilus" appelèrent ces tranchées les "parallèles". Pour qui connaît la configuration du terrain, cette position était un observatoire quasi idéal vers la localité de Burnhaupt-le-Haut et le Pont d'Aspach. Elle a donc fait l'objet de multiples bombardements et de coups de main de la part de l'ennemi.
Un lieutenant blessé... Depuis quelque temps, un escadron du 12ème régiment de dragons occupait les tranchées de la gare et les "parallèles". Pour la journée du 29 novembre 1915, le journal de marche de ce régiment nous apprend qu'à 14 heures, le "lieutenant de Lattre de Tassigny est blessé au mollet droit par un éclat d'obus au cours d'un bombardement de la tranchée dite des "parallèles", cet officier refuse cependant d'être évacué, la blessure paraissant légère et reste à son poste'. Le lendemain, 30 novembre 1915, le même document mentionne que "le lieutenant de Lattre, dont la blessure semble plus grave, est évacué à Masevaux".
La visite rendue par le général de Lattre de Tassigny le 25 mars 1945 était donc destinée à celle qui avait pris soin de lui trente ans plus tôt. À cette occasion, un déjeuner fut offert en l'honneur du Général et de sa suite, dans la maison même où il avait été hébergé durant la Première Guerre mondiale. Parmi les convives figuraient l'épouse du Général et son fils, le brigadier Bernard de Lattre, qui sera tué quelques années plus tard en Indochine. Il y avait aussi W. Bullit, ambassadeur des Etats-Unis d'Amérique, James de Caquet, correspondant du Figaro, M. et Mme Paul Gendre, M. Pierre Schlund, ainsi que deux officiers de la suite du Général. Nul doute que bien des souvenirs furent évoqués à cette occasion. |
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