..maison de la géologie à Sentheim

SENTIER GÉOLOGIQUE du WOLFLOCH

Le sentier géologique du Wolfloch vous invite à pénétrer dans le monde particulier de la géologie et à observer le long d'un parcours varié et pittoresque de 5 km, la nature des roches, la structure des terrains et la variété des fossiles.

A partir du pont de la Doller, on longe le relief de l'ancien vignoble de Sentheim. Ce plateau est constitué d'un conglomérat de galets de toutes tailles noyés dans un sédiment rouge. Ces galets sont de nature variées; des roches volcaniques d'âge primaire, des grès et calcaires d' âge secondaire. Ils ont été déposés par les torrents descendant des reliefs vosgiens vers les mers du fossé rhénan. Ce sont les conglomérats oligocènes de l'époque tertiaire (—30 MA).

 

Le Champ de Fracture de Sentheim

Le champ de fracture de Sentheim est exceptionnel, car s'y trouvent réunis sur moins d'un Km2, des terrains d'âge primaire, secondaire, tertiaire et quaternaire qui permettent de comprendre l'histoire géologique très mouvementée des Vosges et de la Plaine d'Alsace.

Vers la fin de l'ERE Primaire, au Carbonifère, il y a environ 330 MA (millions d'années) la région parsemée de volcans étaient couverte de forêts luxuriantes. Dans les mers baignant les reliefs s'accumulèrent plus de 1 000 mètres de sables qui donneront les grauwackes.

L'ensemble se plissa pour donner naissance à une chaîne de rnontagnes: la chaîne Hercynienne qui couvrait une grande partie de I' Europe. Celle-ci fut érodée et arasée; les produits de son démantèlement donnant des sables et des argiles rouges caractéristiques de l'époque du Permien (-280 MA).

Au début de l'ERE SECONDAIRE au Trias (-245 MA) I' érosion se poursuit: sables et cailloutis s' accumulent et sont à l'origine des grès rouges des Vosges.

A partir de -240 MA, les mers recouvrent à plusieurs reprises toute l'Alsace déposant successivement: des calcaires fossilifères {Muschelkalk), des argiles rouges (Keuper), des marnes (Lias), des calcaires ferrugineux (Aalénien), des calcaires oolithiques (Bathonien-Bajocien ou Grande Oolithe), des marnes grises (Oxfordien) et enfin des calcaires récifaux (Rauracien). Puis la mer se retire et le pays ressemble alors à un plateau calcaire de type jurassien.

Au TERTIAIRE, la longue période de calme est rompue par un <<événement tectonique>> important:

la chaîne des Alpes surgit au Sud et le continent européen commence à se fracturer. De grandes failles provoquent l'effondrement de la plaine d'Alsace qui sera à plusieurs reprises envahie par la mer, en même temps que se produit le soulèvement des Vosges et de la Forêt-Noire. Le fossé rhénan est comblé par d' importants dépôts de cailloutis, de sables et d'argiles à niveaux salifères.

Sentheim se trouve alors au pied d'un relief de failles attaqué par l'érosion. Les torrents qui descendent des reliefs accumulent des conglomérats sur les rivages de la mer alsacienne; c'est l'origine de la colline qui domine le village (Oligocène - 30 MA).

Ce n'est qu'à la suite du plissement jurassien et, tout récemment, sous les effets des altérations provoquées par les glaciers de l'ERE QUATERNAIRE que ce coin des collines sous-vosgiennes prendra peu à peu sa physionomie actuelle.

 

ARRÊT N° 1

Calcaires oolithiques du Bajocien et du Bathonien.

Le chemin mène à travers le vallon du ruisseau Silbach à un massif dans lequel s'ouvre une ancienne carrière qui alimentait un four à chaux situé en contrebas.

La roche jaune compacte fait effervescence avec l'acide : c'est du calcaire constitué par de nombreux petits grains agglomérés et semblables à des oeufs de poissons. A cause de ce caractère ce calcaire est appelé calcaire oolithique.

Il s'est déposé dans les mers chaudes agitées et peu profondes, à l'ère secondaire (époque du Jurassique, étage du Bajocien, c'est à dire il y a environ 170 millions d'années avant notre ère),

En observant la falaise on décèle une stratification plongeante de 70° vers le nord, Les couches' ou strates qui se sont déposées à l' origine horizontalement ont été basculées à l'ère tertiaire par d'importants mouvements pour dépasser la verticale et être renversés ( la base des couches est vers le. haut). De petites fissures qui découpent la roche ont permis la formation de cavités ou grottes.

 

ARRÊT N° 2

Grès rouges du Permien et du Buntsandstein.

Le sentier descend dans un vallon de terres rouges parsemées de blocs de grès roses, 11 ne s'agit plus de sédiments marins mais de sédiments continentaux beaucoup plus anciens appartenant à l'époque du Trias (-245 MA). Le contact grès-calcaire est brutal: il correspond à une faille. Dans l'escarpement on rencontre successivement des grès fins (grès à Voltzia), puis des grès grossiers riches en galets de quartz laiteux et de quartzite grise {grès vosgien} du Buntsandstein.

 Plus à l'ouest le terrain couleur rouge lie de vin devient plus argileux. Ce sont des dépôts plus anciens de grès grossiers riches en feldspath, nommés Arkoses et appartenant au Permien (-280 MA).

 

ARRÊT N° 3

Grauwackes du Carbonifère

En poursuivant vers le ruisseau et l'étang on franchit la faille vosgienne et on pénètre sur des terrains plus sombres et très différents. Un bel affleurement apparaît dans le chemin creux à hauteur d'un gros rocher. Ce sont des roches grises schisteuses très plissées dont les éléments proviennent essentiellement de la destruction de roches volcaniques. Ces roches qui constituent la majeure partie de la vallée de la Doller et des Vosges méridionales sont des grès particuliers appelés Grauwacke (d'âge Carbonifère-Viséen -330 MA). Signalons que ces grauwackes renferment des fossiles animaux et végétaux et quelques niveaux charbonneux traversés de filons ferrugineux. C'est ainsi que l'on peut découvrir des «haldes» ou terrils d'anciennes mines de houille et de fer à 1 km au nord-est.

ARRÊT N° 4

Calcaires du Muschelkalk

Le talus de grauwacke qui borde le chemin s'effrite en une terre granuleuse jaune. On longe l'ancien four à chaux transformé en scierie pour descendre dans la grande carrière. La partie supérieure est formée de dalles jaunâtres à grains fins et de bancs de roches alvéolées. Ces roches font difficilement effervescence à l'acide à froid: ce sont des calcaires dolomitiques. Plus bas on exploitait des calcaires gris bleu contenant des fossiles d'animaux marins (fragments de Iys de mer ou entroques). L'ensemble de ces dépôts appartient au Muschelkalk (-240 MA).

 Du haut du belvédère faisant face à la carrière on distingue de remarquables strates redressées qui plongent vers le sud.

 

ARRÊT N° 5

Calcaires pétrolifères du Bajocien

On poursuit vers l'est pour arriver à une carrière de calcaire gris clair très fracturé. La cassure de la roche révèle des traces de bitume; ce banc de calcaire renferme du pétrole. Celui-ci s'est formé dans des couches riches en matières organiques (roches mères) avant de migrer dans des roches plus poreuses tels les calcaires oolithiques (roches magasins). Le pétrole suinte car les roches qui le. contiennent ont été basculées et redressées à la verticale.

 On recherche actuellement ce même pétrole dans le sous-sol alsacien en essayant de trouver des sites favorables de la même époque où il a pu être piégé.

 

ARRÊT N° 6

Calcaires et marnes fossilifères de la Grande Oolithe

Cet arrêt nous permet de découvrir une carrière très dégagée avec des bancs de calcaires jaunes séparés par des niveaux marneux verts. Au pied de la paroi nord on peut recueillir de nombreux fossiles, témoins d' une vie marine très intense: rhynchonelles, térébratules, pectens, oursins, serpules, etc. L'ensemble est intensément fracturé, en particulier par une faille horizontale à mi-hauteur. L' érosion a dégagé et partiellement dissous le calcaire donnant naissance à des grottes et galeries souterraines.

 Dans la paroi Est. une ouverture conduit à une salle souterraine: La Grotte du chien. Vers le sud s'ouvre un petit gouffre ou aven d'une dizaine de mètres de profondeur.

  

ARRÊT N° 7

Combe oxfordienne

On arrive à une dépression due à la présence d'argiles et marnes grises qui renferment de petits blocs de calcaire en «miches» et des fossiles pyriteux (ammonites). Cette forme de relief est appelée: Combe oxfordienne.

 Une combe équivalente se prolonge dans la prairie où affleurent les marnes du Lias et du Keuper et des calcaires gris fumée.

 

ARRÊT N° 8

Calcaires récifaux du Rauracien.

Dominant cette combe se dresse un massif de calcaire blanc ivoirin à fines cassures, c'est du calcaire à polypiers du niveau marin le plus jeune de la région (Rauracien -145 MA).

 

ARRÊT N° 9

Calcaires ferrugineux de l'Aalénien.

Dans une importante excavation on découvre des blocs d' un calcaire gréseux ocre constitué d'oolithes ferrugineuses d'âge Aalénien. II s'agit de l'équivalent du minerai de fer de Lorraine (la minette) qui renferme de nombreux débris de fossiles (huîtres).

Ce gisement était exploité comme minerai de fer par la fonderie de Masevaux (Schmeize)

ARRÊT N° 10

Relief karstique

Le sentier remonte sur le plateau et l'on découvre de part et d'autre du sentier des dépressions ou dolines: c'est le relief caractéristique des régions calcaires (Causses, Jura, Préalpes...) désigné sous le nom de phénomènes karstiques.

Dans les calcaires fissurés la circulation des eaux chargées de gaz carbonique entraîne sa dissolution, ce qui provoque des effondrements de voûtes, de grottes: c'est l'origine de ces dolines.

 

ARRÊT N° 11

Calcaires plissés du Bajocien

 On quitte la lisière du bois et la prairie où affleurent les calcaires à gryphées du Lias, pour arriver à un très bel affleurement de calcaire de la Grande Oolithe (Bajocien). La stratification redressée à 70° dessine une amorce de pli avec à la base une grotte .

ARRÊT N° 12

Galeries souterraines dans les calcaires.

 Le sentier passe à coté d'un petit gouffre surnommé «Fosse aux ours» et l'on descend dans le site du Wolfloch qui s'ouvre dans des calcaires marins du Bathonien-Bajocien. Les strates redressés restent en relief par rapport aux niveaux marneux plus tendres. C'est ce qui a permis la formation de l'ensemble des galeries de la grotte du Wolfloch.

 Le sentier nous ramène au point de départ en franchissant un banc de cailloutis et de blocs de grès noyés dans des sables rouges d'âge Pliocène (-4 MA), avant de retrouver les conglomérats oligocènes. A hauteur du ruisseau Silbach on arrive sur la basse terrasse de la Doller d'âge quaternaire {—20 000 ans).

 Les alluvions qui encombrent le lit de la Doller méritent que l'on s'y attarde car on peut y récolter la plupart des roches du massif vosgien {granites, roches volcaniques, etc.). Les cailloux d'une belle couleur bleue ne sont pas des pierres naturelles mais des résidus d'anciennes fonderies de la vallée. Sur la berge septentrionale affleurent les bancs des conglomérats oligocènes.

Recommandations:

 L'accès du sentier s' effectue sous I' entière responsabilité des visiteurs. L' aménagement de ce sentier ayant pour but la préservation de notre patrimoine géologique et son utilisation à but pédagogique; il est interdit de s'éloigner du sentier et d'extraire roches et fossiles, Le ramassage des fossiles naturellement dégagés par l'érosion reste toléré, s'il est pratiqué en quantité limitée.

 Merci de votre compréhension.